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Clik here to view.Dans le dernier épisode de cette fascinante série, nous avons laissé saint Louis, Solcum et leurs compagnons français alors que, dans la terre enchantée d'Ëtön, ils combattaient un monstre effroyable, au sein d'un passage noir. Et ce monstre, de la race des Immirth, venait de se faire couper le doigt crochu par Imbert de Beaujeu.
L'Immirth hurla plus fort encore que précédemment. Et cela résonna dans tout le passage, et bien au-delà. Les cheveux des guerriers se dressèrent sur leur tête. Jamais ils n'avaient entendu la voix de l'enfer, songeaient-ils: à présent elle arrivait à leurs oreilles!
Néanmoins, pour le monstre, c'en était trop. Il décida d'aller réveiller ses frères, afin d'attaquer avec eux cet ennemi plus puissant qu'il ne l'avait jugé d'abord. Et il recula, et se fondit dans l'ombre dont il était sorti, et cette ombre repartit dans la faille dont elle avait jailli, comme mue par de lentes ailes.
Courez, s'écria Solcum, car il va revenir avec ses frères, qu'il est parti réveiller! Ne croyez pas qu'il soit seul. Il était certainement préposé à la garde du passage, et a cru pouvoir disposer de nous sans l'aide des autres, résoudre ce problème qui se posait à lui par ses propres forces. Mais il va revenir secondé par d'autres pareils à lui, soyez-en sûrs!
Les chevaliers éperonnèrent leurs chevaux, et s'en furent. Solcum les rejoignit après être remonté sur son coursier. Mais derrière lui trois ombres cette fois s'élancèrent, laissant apparaître trois monstres pareils au précédent, qui était d'ailleurs l'un des trois: il se tenait au milieu et on le reconnaissait à son doigt tranché, d'où s'écoulait un étrange sang mauve. Ils étaient furieux, et prêts à se jeter ensemble sur les chevaliers.
Solcum, sentant derrière lui leur présence, arrêta son cheval et se retourna, pour leur faire face et donner aux chevaliers francs le temps de s'échapper. Il sortit son épée du fourreau, et elle fut telle qu'un trait de feu blanc dans l'obscurité dont déjà l'entouraient ces monstres.
L'un de ceux-ci tenait une lance, qui prolongeait comme naturellement sa main, semblable à un immense doigt au bout duquel s'étirait un ongle acéré et aiguisé et rouge comme le sang; il bondit vers Solcum en pointant sur lui cette arme, et le chevalier d'Ëtön para de son épée, et des étincelles jaillirent. Le choc fut si rude que Solcum sentit un grand froid pénétrer son bras, et dut lâcher son arme.
La lame n'était point brisée, car elle venait du pays d'Ëtön – celui qu'on nomme Lënipeln. Elle avait, dit-on, été forgée par Vurnarïm dans un fer tombé du Ciel, et, d'abord offerte à Ëtön, il l'avait à son tour confiée à Image may be NSFW.
Clik here to view.Solcum, son cher neveu, car voici! il mettait de grands espoirs dans ses prouesses. Mais l'adversaire aujourd'hui était puissant. Il dépassait en taille et en monstruosité le précédent assaillant, qui déjà poursuivait son chemin vers saint Louis, qu'il haïssait particulièrement.
Solcum, dont le bras était gourd, allait subir un nouvel assaut de l'ennemi quand celui-ci reçut une flèche empennée de bleu. C'était Imbert de Beaujeu qui, ayant pris l'arc qui pendait à sa selle, avait jeté ce trait. Car les six chevaliers mortels s'étaient arrêtés et retournés, ne voulant point laisser Solcum entre les mains des monstres. Mais, ce faisant, n'avaient-ils point scellé leur vie?
La flèche n'arrêta le monstre qu'un instant. Il l'arracha sans peine de sa poitrine, où elle ne s'était enfoncée qu'à peine, son cuir étant dur comme du bois. Solcum s'était jeté à terre pour ramasser son épée, mais l'ignoble créature jeta devant elle son doigt long et crochu, et il eut à peine le temps de l'esquiver en bondissant en arrière. La pointe s'enfonça dans le sol, et Solcum en profita pour lui donner un coup d'épée de toutes ses forces. Une flamme blanche jaillit, et le doigt-lance fut tranché, et le monstre hurla.
Mais, ô Dieux! de la main gauche il fit soudain jaillir une semblable arme, et l'enfonça dans l'épaule gauche de Solcum, qui n'eut pas le temps de l'esquiver. Les mailles de son haubert se brisèrent et son sang, blanc comme le lait, jaillit de la plaie en jetant une sorte de clarté qui étonna fort les six mortels.
Cependant, saint Louis n'avait point le temps de s'interroger sur cette étrangeté, car les deux autres monstres étaient déjà sur lui et ses compagnons. Il s'apprêtait à résister à leur assaut du mieux qu'il Image may be NSFW.
Clik here to view.pourrait, mais, voyant blessé Solcum et connaissant la puissance de ces êtres, il désespérait quand, soudain, il entendit un cri venant d'en haut, et vit trois guerrières éclatantes, revêtues de hauberts brillants, et montées sur des aigles d'or, ou ce qui y ressemblait: Louis se demanda s'ils étaient de ces oiseaux qu'on appelle aussi phénix, car ils ressemblaient aux images qu'on lui en avait montrées, et aux récits qu'on lui en avait faits.
Rapidement elles descendirent jusqu'à terre, et lancèrent un assaut fulgurant sur les trois monstres. Ceux-ci, effarés, reculèrent. Elles avaient des épées étincelantes et des boucliers luisants, que les coups des créatures ne perçaient pas, et leurs épées, en revanche, transperçaient l'épaisse couche de cuir qui les revêtait et faisaient jaillir un sang mauve de leurs plaies hideuses.
Cette fois les monstres eurent leur compte. Ils s'enfuirent en lançant de terribles imprécations.
Mais long commence à être cet épisode, ô lecteur, et il faudra, pour connaître la suite, attendre un petit peu.