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Saint Louis et le siège d'Ëtön

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artois.jpgDans le dernier épisode de cette saga incroyable, nous avons laissé saint Louis et ses compagnons (dont le futur génie doré de Paris Solcum) alors qu'ils venaient de rentrer précipitamment au château d'Ëtön parce qu'ils étaient poursuivis par le terrible Ornicalc, roi-démon, géant-sorcier, et son armée nombreuse.

On s'empressa d'abord de visiter Robert d'Artois convalescent; on le trouva couché sur un lit moelleux, couvert d'un duvet soyeux. Il souriait, et dit qu'on l'avait traité et soigné à merveille. Et une nymphe de la cour d'Ëtön, assise sur le lit, tourna la tête vers les chevaliers francs en souriant et en rougissant. Robert d'Artois la présenta: elle se nommait Silasán. Longtemps ils avaient conversé et, voici! elle lui avait trouvé du charme, et de l'amour était né entre eux. Louis se demandait ce qu'il fallait en penser, car Silasán paraissait une demoiselle vertueuse et bonne, mais elle était de la race d'Ëtön, et il ne savait s'il était permis de l'épouser. Toutefois choisit-il de ne rien dire. Car Robert d'Artois dans ses amours ne lui rendait aucun compte, et il ne savait si cet amour-là évoluerait d'une façon significative. Au reste, il avait d'autres soucis. Car Robert n'était pas encore en mesure de se joindre à eux pour soutenir le siège d'Ëtön, et cela était urgent, il fallait monter aux remparts, car le monstre et les siens arriveraient d'une minute à l'autre.

On s'en fut donc, et on rejoignit les elfes aux armures brillantes qui, sous la direction d'Ëtön continuellement assisté de Solcum, se mettaient en ordre de bataille pour résister à leur terrible ennemi.

Les premiers coups donnés à la muraille ne tardèrent pas à se faire entendre, car Ornicalc avait des machines qui précipitaient des boules de fer sur le château, telles que saint Louis n'en avait jamais vues; et, à vrai dire, on raconte que c'est le souvenir de cette arme qui fit naître ensuite le canon, chez les descendants avides et cupides du saint roi. Les boulets d'Ornicalc avaient toutefois une particularité: une crinière flamboyante les coiffait, dans laquelle un visage apparaissait, muni d'yeux énormes et effrayants, et goblin_skull_bomber_by_guang2222-d882eg9.jpgd'une bouche volumineuse, dont sortait un cri atroce. Et si la machine donnait l'impulsion première à ce boulet, celui-ci se comportait ensuite comme un être vivant, déviant de sa route selon ce qu'il voulait atteindre, et rebondissant sur les murailles jusqu'à ce qu'elles fussent entamées dangereusement – et que la vie que, par sorcellerie, Ornicalc lui avait donnée, se fût épuisée, dispersée dans l'air en fleurs d'étincelles.

Le château avait été bâti par l'art des fées, et tenait solidement sur ses bases, il s'élevait droit et blanc, appuyé hautain contre une montagne, et paraissait imprenable, et l'eût été parmi les mortels; mais, sous les coups de boutoir d'Ornicalc, de l'engin que nous avons décrit et d'autres qu'il possédait encore, cette forteresse enchantée elle-même tremblait, et le coup retentissait dans ses couloirs comme le glas sonnant la fin de son existence, proche et menaçante. Le futur génie d'or, Solcum le brave, avait un air inquiet, tandis même qu'il s'affairait abondamment, et les elfes qui le suivaient se précipitaient vers les fissures créées, pour les colmater aussitôt, pour les réparer. Et saint Louis s'étonna, car il assista à un prodige dont, une fois encore, il n'avait jamais entendu parler. Les elfes, accompagnées de dames, se mettaient en cercle autour de la fissure qu'ils voulaient soigner, comme s'il se fût agi d'une plaie, et levaient les bras, et fermaient les yeux, et psalmodiaient des paroles obscures, dans une langue que Louis ne connaissait absolument pas. Or, une lumière naissait entre eux, qui avait comme des fils liés à leurs mains, ou à leurs yeux flamboyants, et elle prenait une forme étrange. Car un être d'apparence humaine naissait en son sein et, de sa grande bouche pleine de feu, soufflait sur la fissure, qui aussitôt se refermait, comme si la pierre dont était faite la forteresse avait pris vie et s'était cicatrisée sous l'action de cette créature suscitée par ces elfes magiciens, qui peuplaient ce royaume enchanté.

Mais bientôt survint une attaque d'une autre sorte. Car, par-dessus les remparts, passaient des hommes volants, à tête de gorilles et à ailes de chauves-souris, porteurs de dents et de griffes et d'épées dans leurs mains, qui flamboyaient de teintes bleues, mauves et violettes. Les gardes immortels qui se tenaient aux remparts et voulurent interdire à ces êtres de passer par-dessus au nom d'Ëtön leur lancèrent des flèches qui s'enflammaient dans l'air, mais la plupart rebondissaient en vain sur leurs hauberts ténébreux, et d'autres curieusement s'enfonçaient dans leurs corps et disparaissaient complètement, comme si, faits de nuée, ils avaient la capacité de les égarer et de les enfouir à jamais dans un puits, un gouffre sans fond. Il n'y eut que quelques traits qui se plantèrent dans leurs mailles rouillées et noires, couvertes de sang et de suie, mika-koskensalmi-balrog.jpgsouvenirs de ceux auxquels ils les avaient volées par le fer et le feu, par le meurtre et l'anéantissement. Ils hérissèrent les combattants volants et, même, traversèrent l'un d'eux à l'œil, le trait ressortant de l'autre côté du crâne et, cette fois, ne disparaissant pas dans les volutes d'un corps de nuées. L'être atteint tomba, et s'écrasa sur le chemin de ronde bordant les hauts murs, et reliant entre elles les tours pointues qui constellaient ces remparts apparemment imprenables.

Dès ce moment, plusieurs compagnons du monstre (sans doute furieux de ce qu'ils avaient vu, ou liés à lui par un lien particulier) changèrent de direction dans leur course et, au lieu de se diriger vers le palais d'Ëtön où ils espéraient prendre le roi et capturer les mortels qui avaient défié leur maître, ainsi que Solcum le preux chevalier, fondirent sur les archers dont était venu le trait meurtrier, et les attaquèrent de leurs épées rutilantes. Après quelques tirs de flèches qui zébrèrent de lignes lumineuses l'air terni par les nuées d'un orage à venir, mais qui n'eurent aucun effet, les elfes qui gardaient les remparts durent à leur tour sortirent leurs épées du fourreau, et elles étaient fines et luisantes, pareilles à des langues de lézard, mais métalliques et dures. Toutefois oscillaient-elles dans leurs mains, et tremblaient-elles comme des feuilles de palme. Mais leur acier enchanté semblait être plein de dents, paraissait pouvoir mordre; un péril s'en dégageait, et tout homme mortel qui se fût mesuré à ces gardes vaillants eût été sûr de perdre la vie, et de ne pas savoir comment il avait été touché, au moment de l'être: si vifs étaient leurs bras, si tranchantes leurs lames.

Mais il est temps, augustes lecteurs, de laisser là cet épisode, et de renvoyer au prochain, pour la suite de cette âpre bataille.


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